Amour, protection et respect qui dure depuis six siècles

Philippe Marie Visconti cède la «Rocca di Arona» en même temps que toute la commune comme fief à Vitalien Ier Borromée. Quatre siècles durant, la forteresse sur le Rocher restera entre les mains de la famille Borromée, et vit même naître le futur cardinal Saint Charles.

Ludovic Borromée chasse la famille Malpaga des châteaux de Cannero, aux confins de la Suisse. On peut lire dans les documents d’archives que le 6 octobre 1519, à la veille de la fête de Sainte Justine Borromée, il entama la construction de la forteresse, dite Vitalienne en l’honneur du fondateur de la dynastie.
La fortification fut achevée en un temps record pour être abandonnée au siècle suivant après avoir perdu toute utilité militaire. Les châteaux se dressent sur deux éperons rocheux à quelque distance du rivage et sont actuellement en cours de rénovation: ils seront ouverts au public dans peu de temps.

C’est à la Rocca d’Arona, dans la chambre dite des Trois Lacs qui lui a ensuite été consacrée, que voit le le jour Saint Charles Borromée, cardinal et archevêque de Milan, qui sera proclamé saint à Rome le 1er novembre 1610.
Très aimé dans son diocèse en raison de ses nombreuses bonnes œuvres ainsi que de l’abnégation et de l’esprit de sacrifice dont il fit preuve lors de l’épidémie de peste de 1576-1577, il devint un personnage essentiel de l’histoire de l’Église dont il fut un grand réformateur et l’un des protagonistes du concile de Trente.
On peut également admirer à Arona sa statue géante, appelée le «Sancarlone», le Colosse en français, érigée peu de temps après sa disparition.

Frédéric III Borromée, cardinal et archevêque de Milan, naît à Milan. Il s’agit du cousin de Saint Charles, avec lequel il était très lié. Il fut cité par Alessandro Manzoni dans son roman Les Fiancés. L’écrivain consacra de nombreuses pages à sa personne, en le décrivant comme une présence pastorale austère et bienveillante, noble par sa naissance mais aussi par son âme.

Vitalien VI Borromée, considéré comme le créateur du palais et du jardin de l’Isola Bella, voit le jour. Intelligent et très cultivé, il entretient une correspondance avec des chefs d’état et des notables de toute l’Europe. Sa correspondance considérable, conservée aux Archives Borromées sur l’Isola Bella, contient de nombreuses lettres dans lesquelles il offre une description extrêmement minutieuse du projet, accompagnée de dessins des détails architecturaux en marge des écrits.

On assiste à la création du jardin de l’Isola Bella, dont le belvédère est orné en son sommet d’une statue de licorne, symbole de la famille. Le jardin est un exemple parfaitement conservé du style baroque, et s’orne de nombreuses statues, d’obélisques et de fontaines, dressés sur les terrasses qui descendent vers le lac. Des parterres fleuris alternent avec des décors en pierrres pour créer de véritables scénographies théâtrales.
Vue de loin, sa forme rappelle la poupe d’un navire qui sillonne les eaux du Lac Majeur.

Charles IV ajoutera à son nom celui de sa première épouse, Giulia Arese. Personnage éclectique, il épousera en secondes noces Camilla Barberini et deviendra vice-roi de Naples pour le compte des Habsbourg.
Il rachètera le fief de Maccagno sur le Lac Majeur.

Napoléon Bonaparte séjourna deux jours sur l’Isola Bella avec une suite d’environ soixante personnes. Le comte Borromée, vexé que l’armée française ait détruit la forteresse de la «Rocca» d’Arona, une de ses propriétés, refusa de l’accueillir en personne. Les lettres de l’administrateur du palais qui décrivent au comte de ce qui s’était passé parlent de la saleté, des meubles brisés et de la grossièreté sans nom de tout l’entourage de l’empereur. Heureusement, Napoléon trouva son séjour ennuyeux, autant sur l’Isola Bella que sur l’Isola Madre, où il alla chasser les faisans. Dans le palais, sa chambre est restée, avec le lit d’origine dans lequel il passa la nuit.

Après les Cinq journées de Milan, la noblesse milanaise qui avait participé aux émeutes se retrouva mise à l’amende par Radetzky, et Vitalien VIII, qui avait activement participé à la révolte, ne fut pas épargné. Le prix à payer fut particulièrement élevé pour les finances du comte et de toute la famille.

La construction de la Chapelle de la Famille de l’Isola Madre fut conçue par l’architecte Defendente Vannini. Il s’agit d’une petite église qui se dresse en face du palais, et dont la façade est décorée de panneaux en terre cuite.
La crypte abrite les sépultures de certains membres de la famille.

Les protagonistes
Le tunnel ferroviaire du Simplon est inauguré. Giberto Borromeo, sénateur du Royaume d’Italie, est le président du comité italien pour le Simplon qui construisit en à peine huit ans (de 1898 à 1906), entre Brig en Suisse (Canton du Valais) et Iselle, dans les environs de Domodossola (province actuelle du Verbania-Cusio-Ossola), un tunnel ferroviaire qui, avec ses presque 20 kilomètres, restera jusqu’en 1982 le plus long du monde.

La conférence de Stresa a eu lieu du 11 au 14 avril 1935 dans les salles du Palais Borromée de l’Isola Bella. Cette rencontre réunit le ministre français des Affaires étrangères Pierre Laval, le Premier ministre britannique Ramsay-MacDonald et le Chef du gouvernement italien Benito Mussolini.
L’objectif de l’accord était de réaffirmer les principes des accords de Locarno et de déclarer que l’indépendance de l’Autriche « devait continuer à inspirer leur politique commune ».
Les trois parties se sont déclarées prêtes à réagir à toute tentative future de l’Allemagne de modifier ou de violer le Traité de Versailles.

Dès son retour en Italie après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, Vitalien X Borromée décide de terminer les travaux du salon, resté inachevé malgré les nombreux projets présentés au cours des années passées. La décoration fut exécutée en suivant les dessins d’origine, mais la coupole grandiose qui, dans les premiers projets, surplombait le palais, ne fut jamais construite.

Le palais de l’Isola Madre, laissé à l’abandon depuis fort longtemps, se voit restauré et ouvert au public. Une partie de l’ameublement est d’origine, tandis qu’une autre partie provient d’autres demeures de la Famille Borromée. Les salles du palais abritent également des objets de la vie quotidienne, comme des services de vaisselle et les livrées du personnel.

Les archives Borroméennes de l’Isola Bella contiennent près de 5 millions de documents, datant de 1300 à 1940. Une grande partie de la documentation relative à l’histoire du territoire du fief Borroméen – qui s’étendait pratiquement tout autour du lac – se trouve ici. Les registres notariaux, les livres de caisse, la correspondance des membres de la famille, les partitions musicales et bien d’autres documents sont tenus à la disposition des chercheurs.

Les princes Gilberto VIII et Bona Borromée décident de rouvrir au public la galerie des tableaux de l’Isola Bella, également appelée Galerie du Berthier. La galerie est un exemple de pinacothèque du XVIIe siècle, en parfait état de conservation. 300 peintures et tous les meubles de cette extraordinaire aile du palais, cœur des collections familiales d’art et témoignage de l’ameublement en général de la maison, y ont été restaurés.